Même endroit, seulement pas au même moment | Mackenzie

Cela faisait à peine une semaine que Frederick était revenu de West Point, l'académie militaire qu'il avait fréquenté durant deux ans, puis pour laquelle il était allé se battre durant deux mois par la suite avant de donner ses papiers de démission. Pensant trouver sa place dans l'armée américaine, Frederick s'était rendu compte que sa peur des hauteurs devenait un handicap pour lui, comme ses supérieurs l'avaient remarqué également. Déçu de ne pas avoir pu l'affronter, il était revenu dans son pays natal et avait tenté de trouver quelque chose qui lui permettrait de demeurer tout de même en contact avec l'action et la forme physique que l'académie militaire lui avait procuré.

Frederick avait trouvé son bonheur au Dorchester Decode Aisle, qui le mènerait finalement au Dorchester Decode Center dans précisément un an, soit lorsqu'il aurait terminé son certificat en sécurité de terrain. À ce qu'il avait pu comprendre de cet emploi, il aurait à démasquer les malfaiteurs et les arrêter, peu importe où dans le monde. Ce mandat lui avait rappelé les films policiers qu'il aimait tant, et c'est pourquoi il avait apposé sa candidature et il avait été accepté.

Avant de commencer les cours, Frederick se rendit compte qu'il avait besoin de beaucoup de choses, entre autres des vêtements. À West Point, son uniforme était fourni, donc il n'avait pas besoin de vêtements plus normaux, contrairement à aujourd'hui, où il devrait décider de sa tenue à chaque jour, ce qui devenait compliqué quand les derniers vêtements achetés avaient plus de deux ans et que ceux-ci étaient devenus trop courts, ou bien trop petits, puisque Frederick avait pris du muscle durant ses deux ans de formation. Durant une journée de congé, il avait décidé de se rendre au centre-ville pour aller s'acheter le nécessaire pour commencer les cours. Ce jour-là, il y avait pas mal de monde sur la rue Sainte-Catherine, ce qui faisait en sorte qu'il avait du mal à se frayer une route entre toutes les personnes. Frederick se rendit donc sur une rue plus tranquille, et il jeta un coup d'oeil derrière lui pour contempler la foule sur la rue principale du centre-ville. Au même moment, il percuta une personne, et assez solide, il ne s'écrasa pas sur le sol, contrairement à la jeune femme qu'il avait bousculé. Tout de suite, il dit:

- Je suis désolé, laissez-moi vous aider à...

Il ne termina pas sa phrase, puisqu'il reconnut la personne qui se trouvait sur le sol, devant lui.

- Mackenzie ?!

Mackenzie était une jeune femme que Frederick avait rencontré au cours de ses vacances, quelques mois plus tôt. Il s'était lié rapidement d'amitié avec Mack', et avait été triste lorsque le moment était venu pour lui de retourner à West Point. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas vu son visage, c'est pourquoi son ton de voix n'avait pas été totalement certain.

Dès sa première visite au centre-ville de Montréal, Mackenzie avait su qu'elle n'aimerait pas beaucoup l'endroit. En fait, la jeune femme, provenant d'un petit village de la Saskatchewan, s'était perdue assez rapidement lorsqu'elle était venue au centre-ville. Depuis, elle s'arrangeait pour s'y rendre le moins souvent, même si elle était parfois obligée d'y aller malgré elle... et c'était le cas aujourd'hui.

La raison pour laquelle Mackenzie se trouvait au centre-ville était bien simple: elle avait besoin d'équiper son ordinateur, un Mac, pour lui faciliter la tâche avec ses études de cryptologie. Et pour s'occuper de son ordinateur, elle devait aller au Apple Store situé dans le centre-ville, sur la rue Sainte-Catherine.

Sachant qu'elle se perdrait sûrement, la jeune femme avait emporté un plan de la ville sur lequel elle avait tracé le chemin qu'elle devrait prendre afin d'effectuer l'aller-retour. Toutefois, le tout commença mal lorsqu'elle prit la mauvaise sortie du métro et qu'elle se retrouva sur la rue Maisonneuve, plutôt que Sainte-Catherine... Maudissant son étourdissement, elle décida de se rendre jusqu'à cette rue achalandée en passant par une petite rue qui lui était perpendiculaire.

Prenant son plan dans les mains, elle visualisa le nouveau chemin qu'elle devrait prendre et se mit en route, rangeant son plan dans son sac - question de ne pas avoir l'air trop touriste non plus ! Alors qu'elle venait tout juste de ranger son plan et qu'elle allait regarder devant elle, Mackenzie percuta un jeune homme, qui resta debout tandis qu'elle se retrouva sur le sol. Elle entendit les excuses du jeune homme et allait en faire de même, sachant qu'elle n'avait pas regardé où elle allait, lorsqu'elle l'entendit dire son nom, d'un air pas trop sûr. Elle releva les yeux et se rendit compte qu'elle le connaissait ! Elle s'exclama alors, en se relevant:

- Frederick !?! Qu'est-ce que tu fais là ?!

Ce n'était pas tant que Mackenzie cherchait à savoir si c'était réellement Fred', puisqu'elle se souvenait bien de lui, mais plutôt parce qu'elle savait qu'il devait être à New York, ou quelque part, qu'elle lui avait posé sa question, tout en s'assurant évidemment que s'était lui.

Frederick n'avait prévenu aucun de ses amis de son retour de la base militaire de West Point et par le même fait de son séjour en Afghanistan qui avait duré tout au plus deux mois. Évidemment, cela faisait seulement une semaine qu'il était revenu, et discret comme il était, il n'avait pas eu envie de crier sur tous les toits qu'il avait quitté l'armée américaine parce qu'il avait eu peur des hauteurs, une ancienne peur qu'il n'avait malheureusement pas réussi à vaincre.

Il considérait normal que Mackenzie lui demande ce qu'il faisait ici. Cela sembla plutôt ridicule, mais cela fit sourire Fred', non pas en réaction à la question, mais plutôt en réaction au fait qu'il était bel et bien en face de Mackenzie, son amie qu'il avait rencontré l'été précédent, et que, étrangement, il n'avait jamais réussi à oublier. Dans sa bonne humeur, chose peu fréquente dans son cas depuis un moment, il dit:

- J'essaie de me trouver des vêtements autres que ceux de l'armée !

Ce fut quand il eut terminé de dire sa phrase qu'il se rendit compte que sa réponse était tout à fait ridicule. Tout de suite, il se mordit la lèvre inférieure, maintenant conscient de sa bévue, et il décida de se reprendre sur sa réponse. Il savait que Mackenzie en avait probablement rien à faire de ce qu'il venait faire précisément dans les centres commerciaux. C'est pourquoi il rectifia le tir en disant:

- Pardon... C'était stupide de ma part. En fait, je suis revenu de West Point. J'ai quitté l'armée. Ça ne fait même pas une semaine que je suis à Montréal. Et puisque je commence les cours à l'université bientôt, j'essaie de trouver quelque chose d'autre à porter que mon ancien uniforme...

Quand il était revenu à Montréal, Frederick avait entendu parler d'une partie de l'université de Dorchester, surtout rattacher au Dorchester Decode Center, qui cherchait des personnes afin de faire une formation en sécurité de terrain. Ces personnes devaient avoir une expérience quelconque, et avec son expérience militaire et son baccalauréat à West Point, Frederick avait été accepté. Il commençait dès le mois de janvier. Puis, il se rendit compte qu'il parlait beaucoup de lui-même, il se permit donc de demander:

- Et toi ? Qu'est-ce que tu deviens ? Je suis vraiment content de te revoir !

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Forcée de se rendre au centre-ville pour s'occuper de son ordinateur - un Mac - Mackenzie espérait qu'elle serait capable de faire le tout rapidement, sans se perdre et sans se mettre dans le pétrin. Tout avait mal commencé quand elle avait foncé dans quelqu'un, un jeune homme, et qu'elle s'était retrouvée à terre. S'apprêtant à s'excuser auprès du jeune homme, car elle n'avait pas regardé où elle marchait, Mack' avait été devancée et s'était rendue compte qu'elle connaissait la personne qui lui parlait ! Il s'agissait tout simplement de Frederick, qu'elle avait rencontré au cours de l'été.

Curieuse de savoir ce qu'il faisait là, car Fred' était militaire à West Point et qu'elle ne s'attendait pas à le voir là, Mackenzie lui avait demandé. Elle eut d'abord comme réponse que le jeune homme se cherchait des vêtements. Arquant un sourcil, car la réponse ne lui convenait pas trop, la jeune femme n'eut pas besoin de demander des précisions, car Frederick s'était lui-même rendu compte qu'il n'avait pas bien répondu. Il lui explica alors qu'il allait étudier à l'université et qu'il cherchait autre chose à porter que son uniforme militaire.

Puis il lui avait demandé ce qu'elle devenait, ajoutant qu'il était heureux de la revoir, ce qui avait fait éclore un sourire radieux sur le visage de la jeune femme, qui était également contente de revoir Fred'.

- Eh bien... j'ai fini ma première session en cryptologie et pour l'instant tout va bien. J'ai besoin d'installer des nouveaux programmes sur mon ordinateur - c'est ce que j'allais faire.

Prenant une petite pause et, revenant à ce que Fred' avait dit, elle demanda, sans parvenir à masquer sa surprise:

- Tu commences les cours à l'université ? En quoi ? Tu n'es plus à West Point ?

Mackenzie savait que Frederick était militaire à West Point et elle pensait, avant qu'il lui dise qu'il étudiait à l'université, qu'il était en permission et que c'était pour cela qu'il se trouvait à Montréal. Sauf qu'à ce qu'elle comprenait, c'était quelque chose de différent qui amenait le jeune homme ici: ses études. Restait à savoir lesquelles et pourquoi...

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Frederick écouta Mackenzie lui dire qu'elle venait de compléter sa première session en cryptologie. Cela fit réagir le jeune homme, mais seulement intérieurement, puisqu'il n'était pas du genre à trop montrer ses émotions de nature, et c'était encore plus vrai depuis qu'il avait étudié dans une école militaire. Ce qui le fit réagir, c'est que lorsqu'il avait posté sa candidature à Dorchester Decode Aisle pour le certificat en sécurité de terrain, il s'était renseigné sur l'école et avait appris que cette partie de Dorchester University offrait trois programmes: Cryptologie, Informatique et Sécurité. Il tenta donc d'en déduire qu'il allait étudier dans la même université que Mackenzie sous peu.

- Attends, tu étudies où ? À Dorchester Decode Aisle ?

Frederick pouvait se montrer plutôt mystérieux parfois, surtout qu'il n'était pas du genre à donner des détails sur le coup quand il voulait expliquer ou raconter quelque chose. Les histoires, ce n'était pas vraiment son fort, il attendait plutôt que les gens lui demandent des explications avant d'en rajouter, comme Mackenzie venait de faire en lui demandant dans quel programme il allait étudier. Elle voulait également savoir, probablement, pourquoi il n'était plus à West Point. Ça, c'était une tout autre histoire, que Frederick n'aurait pas de mal à partager avec Mackenzie, contrairement à bien d'autres personnes. Il dit alors:

- Je me suis inscrit pour avoir un certificat en sécurité de terrain au Dorchester Decode Aisle.

Frederick ne savait pas si Mackenzie savait que les études à West Point comprenaient un baccalauréat, donc ce qu'on pouvait considérer comme une expérience. Puisque son cas avait été quelque peu exceptionnel, il décida de s'expliquer, par lui-même cette fois-ci, et dit:

- À la place de faire un baccalauréat en trois ans, mon groupe a fait le sien en deux ans, parce qu'au mois d'août, ils nous ont envoyé sur le terrain pour remplacer des militaires...

La seconde partie de son discours serait plus difficile, et Frederick ne savait pas s'il voulait vraiment le partager. Il se trouvait vraiment lâche d'avoir démissionné pour une raison aussi stupide, mais il n'était pas arrivé à surmonter sa peur de toujours, celle des hauteurs.

Arrivée à Montréal à peine quelques mois plus tôt, Mackenzie avait déjà fini sa première session de baccalauréat en cryptologie au Dorchester Decode Aisle. Elle savait que l'aile de l'université comprenait trois grandes sections, et elle étudiait régulièrement avec les deux autres: Informatique et Sécurité. Elle ne remarqua pas la surprise qui avait fait réagir Fred', car celui-ci masquait bien trop ses émotions, et c'est pourquoi elle ne put se douter un instant que le jeune homme allait étudier dans la même aile qu'elle. Lorsqu'il lui demanda si elle étudiait au D.D.A., elle acquiessa d'un hochement de tête, attendant que Frederick réponde à ses questions.

Ainsi, elle apprit que le jeune homme s'était inscrit au D.D.A. pour avoir un certificat en sécurité de terrain. Cela surprit un peu plus la jeune femme, qui pensait que Fred' était en permission et allait retourner à West Point, mais elle avait compris que ce n'était pas le cas lorsqu'il lui avait dit qu'il allait étudier à l'université. Curieuse, elle ne dit toutefois rien à ce sujet, mais son regard en disait long sur les questions qu'elle mourait d'envie de poser. Toutefois, elle manifesta sa joie de savoir qu'ils étudieraient au même endroit en disant, radieuse:

- On va étudier ensemble !

Fred' n'eut pas besoin qu'elle lui pose d'autres questions pour s'expliquer un peu mieux. Il dit qu'il avait fait un baccalauréat en deux ans, événement spécial dans le but d'envoyer les militaires sur le terrain. Alors, Frederick s'arrêta, comme s'il n'avait pas envie de partager la suite de l'histoire, ce qui donna l'impression à Mack' qu'il avait honte de cette partie de son récit. Mais la curiosité l'emportait très souvent chez la jeune femme et c'est pourquoi elle demanda, espérant qu'elle ne serait pas trop indiscrète:

- Alors ? Que s'est-il passé ?

Elle ne comprenait pas vraiment ce que Fred' pouvait avoir à cacher, même si elle le savait assez réservé. Ainsi, Mackenzie ne voulait pas presser le jeune homme à dire quelque chose, mais elle se disait qu'il avait commencé à lui raconter quelque chose et que, par conséquent, il devait finir son histoire ! Restait à savoir comment celle-ci prennait fin...

Pour une des rares fois, Frederick eut un sourire quand Mackenzie hocha de la tête, confirmant ainsi le fait qu'elle étudiait à Dorchester Decode Aisle. Cela signifiait qu'ils allaient étudier dans le même bâtiment, qui prenait un nombre plutôt limité d'étudiants. Frederick voyait cela comme une bonne nouvelle, puisqu'il pourrait passer plus de temps en compagnie de Mackenzie. Bien sûr, ils auraient pu toujours s'organiser des sorties à l'extérieur des heures de cours, mais en étant dans le même bâtiment, ce serait beaucoup plus simple. Cela voulait dire qu'éventuellement, ils travailleraient probablement au même endroit, soit au Dorchester Decode Center, là où tous les étudiants se retrouvaient après leurs études.

- C'est génial !

* Je vais pouvoir te voir plus souvent *

Frederick avait failli dire tout haut ce qu'il avait pensé, mais s'était tu au dernier moment. Cette pensée avait été plutôt instinctive, spontanée, et elle aurait probablement jeter un léger froid dans la conversation, ou bien aurait tout simplement rendu l'atmosphère un peu étrange. Il fut donc à moitié content que la conversation revienne plutôt sur le fait que Frederick a quitté West Point. À moitié parce qu'il ne savait pas comment expliquer pourquoi il avait quitté l'armée américaine. Il se sentait plutôt lâche de l'avoir fait, mais il savait qu'il serait incapable de supporter les hauteurs, peu importe la formation qu'il aurait.

- Ils m'ont placé dans l'équipe aérienne, et ils nous ont demandé de sauter en parachute. J'ai paniqué, et ils ont compris que ma peur des hauteurs m'empêchait d'être efficace, donc ils m'ont donné mon mandat d'inaptitude et je suis parti.

Frederick baissa légèrement la tête, un peu honteux. Il pensait que sa peur des hauteurs serait quelque chose de passager, quelque chose qui ne l'empêcherait pas d'être efficace et de travailler convenablement. Par contre, il se rendit rapidement compte que c'était le contraire, et il ne se voyait pas rester dans l'armée avec une tare aussi importante.

À son arrivée à Montréal, Mackenzie n'avait pas tardé de rencontrer Frederick, en lui fonçant dedans au centre-ville, et ils étaient rapidement devenus amis. Son départ l'avait attristée et elle était maintenant très heureuse de le retrouver, dans les mêmes circonstances d'ailleurs. En apprenant qu'il allait étudier au D.D.A., la jeune femme fut comblée de joie, remarquant à peine le sourire que Fred' avait esquissé en sachant qu'ils étudieraient au même endroit. Elle remarqua toutefois qu'il avait été sur le point de dire quelque chose, mais qu'il s'était retenu. Malgré sa curiosité, Mack' décida de ne pas tenter de savoir ce qu'il aurait dit, voyant bien qu'il avait déjà de la difficulté à raconter son histoire.

Laissant le jeune homme continuer, elle apprit qu'il avait quitté l'armée après avoir été placé dans l'équipe aérienne, pour laquelle il devait sauter en parachute. Sachant que Fred' avait peur des hauteurs, la jeune femme comprit immédiatement, mais elle le laissa finir, pour avoir les détails... Lorsqu'il eut terminé son récit, il avait baissé la tête, visiblement honteux, et Mackenzie ne put s'empêcher de tenter de le réconforter.

- Ne t'inquiète pas... Si tu ne peux pas faire partie de l'armée, c'est sûr qu'il y a plein de choses que tu peux faire ! Et avec le certificat en sécurité, ton avenir est assuré au Dorchester Decode Center.

Machinalement, sans trop s'en rendre compte, la jeune femme avait prit Frederick dans ses bras tandis qu'elle disait cela. Elle ne saurait dire si elle avait fait cela dans le but de réconforter le jeune homme ou si elle avait simplement profité du moment pour le faire. En tout cas, elle ne le lâcha pas, attendant qu'il ait moins honte. Tout en serrant Fred' dans ses bras, elle lui demanda:

- Veux-tu qu'on aille boire un café ?

Elle ne savait pas pourquoi elle avait demandé cela. Si Fred' lui poserait la question, Mackenzie dirait sûrement que c'était dans le but de se changer les idées, même si elle ignorait totalement la véritable raison. De toute manière, elle avait parlé, et elle attendait la réponse du jeune homme.

Frederick n'avait pas raconté qu'il avait peur des hauteurs, que c'était même une phobie dans son cas, à plusieurs personnes. En fait, il l'avait raconté à Mackenzie parce qu'elle semblait digne de confiance dès leur première rencontre, qui avait étrangement eu lieu sur la même rue, ou presque, et durant laquelle ils s'étaient bousculés, sans le vouloir, bien sûr. Il savait donc qu'il n'aurait pas à expliquer les détails les plus difficiles de son expérience dans l'armée, puisque Mackenzie serait assez brillante pour les comprendre d'elle-même, du moins, c'était ce qu'il espérait.

Frederick comprit que Mackenzie avait saisi ce qu'il voulait dire quand, étrangement, elle l'avait prit dans ses bras en tentant de le réconforter. Frederick ne tenta pas de la repousser, au contraire. Il plaça ses bras autour de Mackenzie, lentement, mais il le fit quand même. Il profita du fait qu'elle tentait de le réconforter, chose que peu de gens avaient essayé de faire depuis son retour, du moins en ce qui concernait ses amis. Frederick aimait bien ce geste d'affection, cela lui faisait chaud au coeur, si bien qu'il dit:

- Merci, tu es vraiment gentille.

Peut-être Mackenzie ne le fit pas, mais Frederick fit un léger sourire. Ensuite, lorsqu'ils finirent par se lâcher, Mackenzie offrit à Frederick d'aller boire un café. Même s'il avait prévu de passer le moins de temps possible au centre-ville, Fred' ne se voyait pas refuser cette invitation. Il dit alors:

- Seulement si tu me laisses payer.

En gardant une touche d'espièglerie dans son regard, Frederick prit la direction de la rue Sainte-Catherine, où ils trouveraient sûrement un café où s'installer et continuer à discuter. Tandis qu'ils marchaient, Frederick tenta de changer le sujet de conversation, sachant que ce serait mieux non seulement pour lui, mais aussi pour Mackenzie, qui ne voulait peut-être pas entendre parler de ses problèmes. Frederick dit alors:

- Je pensais à ça: Tu t'es rendu compte que la première fois qu'on s'est rencontrés, c'était exactement sur cette rue ?

Mackenzie savait qu'elle faisait partie des rares personnes en qui Frederick vouait une confiance suffisante pour pouvoir lui avouer certaines choses qu'il préfèrerait certainement garder pour lui. Connaissant cette chance, elle tentait d'honorer ce statut spécial qu'elle avait. Et l'occasion venait de se présenter lorsque le jeune homme lui avait dit qu'il avait quitté l'armée à cause de sa peur des hauteurs. Répondant plus à son instinct, la jeune femme s'était retrouvée à serrer Frederick dans ses bras, ignorant totalement pourquoi elle avait fait cela. Heureusement, le jeune homme semblait apprécier le geste et il ne tenta pas de repousser Mack'.

Une fois que l'étreinte eut prit fin, la jeune femme lui avait proposé d'aller boire un café, probablement pour changer de sujet de conversation. Puisqu'elle ne connaissait pas trop le centre-ville, elle ignorait totalement où aller pour prendre un café, mais elle se disait que Fred' serait certainement capable de trouver l'endroit. Lorsqu'il accepta, mettant comme condition qu'il voulait payer, Mackenzie failli riposter, mais elle se contenta de dire, oubliant un instant qu'il s'agissait d'une conversation francophone:

- Then I'll owe you a coffee!

Réalisant après qu'elle avait parlé en anglais, la jeune femme espéra que cela ne dérangerait pas Fred'. Si c'était le cas, elle pourrait toujours s'excuser et lui dire le tout en français, même si elle n'avait aucune envie de le faire.

Tandis qu'elle suivait le jeune homme en direction de la rue Sainte-Catherine, Mackenzie entendit à moitié ce que Frederick lui avait dit, soit qu'ils s'étaient rencontrés exactement sur cette rue. Elle répondit:

- Je me souvenais d'une collision. Pas de la rue !

En effet, étant toujours perdue au centre-ville, Mack' aurait été incapable de se souvenir du lieu de leur rencontre. En plus, c'était pendant les premières semaines qu'elle passait à Montréal et elle était encore plus perdue que maintenant, si cela était possible...

Frederick avait peut-être passé deux ans de sa vie dans une école militaire, mais il n'avait pas perdu ses bonnes manières pour autant. Il n'était pas question, du moins, pour lui, qu'il laisse Mackenzie payer le café. Il lui avait fait clairement comprendre en plaçant cela comme une condition au fait qu'ils allaient prendre ce café afin de discuter plus longtemps, probablement de tout et de rien, de tout ce que Frederick avait pu manquer entre le moment où il était retourné à West Point et qu'il avait décidé de faire son retour à Montréal après avoir eu son congé de l'armée.

Frederick ne fut pas offensé de quelconque manière que Mackenzie sorte une phrase en anglais. Après tout, la base militaire de West Point se trouvait aux États-Unis, et Frederick avait un père britannique. Bref, il avait dû apprendre à parler anglais, langue qu'il maîtrisait presque aussi bien que sa langue maternelle, le français. Certains auraient pu avoir une autre réaction, mais Frederick se contenta de dire:

- Oui, un jour.

Il fit un sourire en coin tandis qu'ils continuaient à marcher vers la rue Sainte-Catherine, chemin qui ne fut pas très long. Frederick sourit encore plus, chose qui ne lui arrivait pas souvent, quand Mackenzie lui dit qu'il ne se souvenait pas de la rue, mais seulement de la collision qui avait finalement donné le début de leur amitié. Étant plus habitué que Mackenzie dans les rues du centre-ville de Montréal, même s'il n'y allait pas souvent, Frederick était presque certain qu'il s'agissait de cette rue, à quelques mètres près.

- Moi je suis certain que oui, c'est cette rue ! Ou presque...

Il ne put pas se poser la question plus longtemps, puisqu'ils venaient tout juste d'arriver dans le café, ce qui permit à Frederick de changer de sujet en disant:

- Tu veux quoi ?

Mackenzie n'aimait pas que les gens paient certaines choses pour elle. Elle avait toujours l'impression que dans ces cas, elle devait rendre la pareille aux autres et c'est pourquoi elle avait dit à Frederick, lorsque celui-ci avait imposé le fait qu'il payait, qu'elle lui devrait un café. Elle avait dit cela en anglais, sa langue maternelle, et avait espéré que le jeune homme n'en serait pas offensé - elle avait fait l'expérience, avec certains Québécois, que l'anglais n'était pas toujours très apprécié...

Complètement perdue dans le centre-ville, Mackenzie n'avait aucune idée de la direction qu'elle était en train de suivre avec Frederick. Elle savait qu'il pourrait la guider, mais elle ignorait si elle pourrait retrouver son chemin. Au pire des cas, se disait-elle, elle pourrait toujours demander des directions au jeune homme pour se rendre au Apple Store (elle venait après tout pour son ordinateur !), et peut-être pour rentrer chez elle.

Arrivés au café, la jeune femme regarda à peine le nom de celui-ci et entra, jetant un coup d'oeil aux prix des différentes boissons. Lorsque Frederick lui demanda ce qu'elle souhaitait avoir, Mackenzie lui répondit, en faisant semblant qu'elle n'avait pas vu les prix (et en s'assurant de ne pas prendre ce qui coûtait le moins cher pour qu'il ne se rende compte de rien):

- Un chocolat chaud. Avec de la crème fouettée sur le dessus, s'il-te-plaît. Et toi ?

Puis elle regarda dans le café et repéra une table libre qu'elle pointa à Fred' en disant:

- Je vais aller nous prendre des places.

Et elle se dirigea vers une table située vers le fond du café, mais dans un coin et tout à fait bien située pour être tranquilles. Elle déposa alors son sac et enleva son manteau, qu'elle mit sur le dossier de sa chaise, et posa son regard sur Frederick en attendant que celui-ci commande et arrive avec les boissons.

Frederick ne venait pas souvent dans les cafés du centre-ville. Il était loin d'être un adepte du lèche-vitrines ainsi que du fait de passer du temps supplémentaire et parfois inutile au centre-ville lorsqu'il décidait d'y aller. Cependant, puisqu'il était avec Mackenzie, il faisait une exception, qui ne pouvait pas lui causer de tort après tout ! Frederick se faisait un plaisir de payer un café à Mackenzie, ou plutôt un chocolat chaud, comme son amie venait tout juste de lui demander. Cependant, il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui retourne la question, parce que après tout, c'était lui qui passait la commande. Malgré tout, Frederick répondit:

- Un latte à la noisette.

Sur ces mots, Frederick alla prendre la file pour commander, parce que, bien sûr, ils n'étaient pas les seuls dans le café ! Mackenzie lui dit qu'elle allait prendre des places, ce que Frederick jugeait comme étant une bonne idée, puisque les tables libres ne semblaient pas être majoritaires au milieu de l'après-midi. Le jeune homme ne rajouta rien, fit seulement un signe de la tête pour montrer qu'il avait compris, puis continua à avancer dans la file. Lorsque le moment fut venu pour commander, il dit:

- Un latté à la noisette, et un chocolat chaud, avec de la crème fouettée... et pouvez-vous rajouter un de vos biscuits dedans ?

Cela consistait à rajouter un petit supplément, mais Frederick savait que Mackenzie aimait cela, donc il en fit rajouter sans aucun problème. Après tout, le chocolat chaud ne coûtait pas vraiment cher, son latté non plus. Frederick paya, puis attendit la commande, qui arriva quelques minutes après, le temps qu'ils préparent le tout. Une fois qu'il vit le chocolat chaud et le latté sur la table, Fred' les prit, et repéra Mackenzie qui avait déjà enlevé son manteau et qui s'était installée. Frederick déposa le chocolat chaud sur la table, et dit:

- Et voilà !

Frederick déposa par la suite sa propre boisson, ne sachant pas si Mackenzie avait vu le petit rajout de sa part. Il enleva son manteau, et prit une première gorgée de son café.

[AH !!! VAVA' <333]

Lorsque Mackenzie se payait le luxe d'aller dans un café boire un chocolat chaud ou, occasionnellement, un café, la jeune femme aimait prendre des choses un peu différentes de l'habitude. Ainsi, il était normal pour elle qu'elle souhaite avoir de la crème fouettée sur le dessus de son chocolat chaud. Tandis qu'elle allait prendre une place dans le café pour elle et Frederick, elle était loin de s'imaginer qu'il s'arrangerait pour lui offrir un autre petit plus. Installée confortablement, elle avait observé le jeune homme commander les boissons pour eux deux et avait patiemment attendu qu'il arrive à la table.

Elle suivit du regard Frederick jusqu'à ce qu'il soit face à elle et qu'il dépose sur la table le chocolat chaud qu'il venait de lui acheter. Ce n'est qu'en le prenant dans ses mains qu'elle se rendit compte du petit ajout que le jeune homme avait demandé et qu'elle lui dit, souriante:

- Merci pour le biscuit !

Extirpant le biscuit de la crème fouettée, la jeune femme le lécha - question d'enlever la couche de crème fouettée - et le mit de côté avant de prendre une première gorgée de son chocolat chaud. Le trouvant délicieux, elle continua de le boire, tout en mangeant lentement le biscuit que Fred' avait fait ajouter. Elle s'arrangea pour ne pas boire trop vite, question de ne pas avoir à attendre après Frederick, mais elle ne tarda pas trop pour que l'inverse ne se produise pas.

Tandis qu'ils buvaient leur boisson respective, Mackenzie et Frederick parlèrent de quelques sujets. La jeune femme évita de parler de la raison pour laquelle Fred' avait quitté l'armée, trouvant de toute façon que ce ne serait pas approprié. En réalité, ils étaient ssurtout envieux du moment où la session commencerait à l'université et qu'ils étudieraient ensemble, même s'ils n'osaient pas l'avouer.

Une fois qu'ils eurent terminé leur boisson, les deux jeunes gens sortirent du café, après avoir mis leur manteau, et ils se quittèrent devant l'entrée d'une station de métro; Mackenzie avait complètement oublié de s'occuper de son ordinateur et ne s'en rendit compte que lorsqu'elle fut finalement chez elle...

[Sujet terminé sur un manque d'inspiration]